La plupart des païen-nes ont fêté le solstice d'Hiver. Quand je dis fêté, je veux dire qu'ils ont fait une cérémonie, ou ont en tout cas préparé un repas spécial et senti une atmosphère particulière. Je m'étais organisée pour faire de même. Mais la Vie et les dieux, toujours rigolards, en ont décidé autrement. Chaque hiver, pas toujours au même moment, je fais une hutte de sudation avec des ami-es. On va dans la forêt, on coupe des branches souples, on monte une armature en demi-sphère, on couvre avec une bâche et des couvertures épaisses, on fait un feu, on chauffe les pierres, on s'assied sur les branches de sapin, on verse l'eau sur les pierres devenues oranges, on sue et on chante et on va se plonger dans la rivière glacée et on danse et rit autour du feu. J'ai rencontré des nouveaux gens ces derniers temps, qui ont une hutte de sudation fixe. Donc l'idée c'était de faire ça là-bas. Ca me gênait un peu aux entournures de ne pas CONSTRUIRE la hutte comme d'habitude, mais bon. Puis les autres ont modifié le truc, l'idée de hutte de sudation s'est fait la malle et j'ai dit que du coup tant pis, j'irais me la faire toute seule dans un coin de forêt. J'y tiens à ma hutte. Je suis du genre têtue. Et puis dans l'après-midi du solstice est arrivé ce que j'attendais depuis deux semaines avec impatience : mon bois de chauffage. Je vis sans chauffage central, je n'ai qu'un petit radiateur et un poêle à bois. Et je n'avais plus de bois, j'allais ramasser ce que je pouvais en forêt et le faisais sécher, mais ce n'était pas terrible. Et le bois commandé n'arrivait pas. Jusqu'à cette après-midi de solstice.
J'ai ri un coup avec les dieux, ils sont fendards avec leur humour gros comme une maison. Merci, j'ai compris le message. Pas de hutte, mais une autre forme de spiritualité, liée à la Terre, à la Vie rude et sauvage que je poursuis. J'ai passé l'après-midi entière à rentrer mes deux stères de bois à la force des bras et à les empiler bien proprement dans le salon, à côté du poêle qui ronflait enfin. Ce fut le meilleur solstice d'Hiver de ma Vie.
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" Le corps est un robot sans l'esprit, l'esprit un fantôme sans le corps. " Toutes les photos illustrant cet article représentent la compagnie norvégienne de danse 'Frikar'. J'ai eu la chance de voir leur spectacle 'Leahkit', qui m'a beaucoup marquée et depuis je suis fascinée et inspirée par leur travail. Dans le milieu de la spiritualité, on parle beaucoup de l'ESPRIT. On travaille son mental, on réfléchit. On médite, on théorise, on débat, on construit, déconstruit, et tente d'envoyer ses yeux intérieurs de par le monde. J'ai été élevée dans une famille d'artistes et d'intellectuel-les. J'ai été rat de bibliothèque, brillante élève, esprit fureteur, dès un très jeune âge. Le savoir, la connaissance, la réflexion, l'intelligence : tels étaient mes outils, que j'ai su affûter et développer. C'était une bonne chose. Restait un incompris dans tout cela, un mal-aimé, un ignoré : le CORPS. Ma passion pour les chevaux m'a, heureusement, poussée dehors en toutes saisons, à grelotter sur ma selle, me faire dévorer par les insectes, prendre un joli paquet de bleus et griffures, et m'écheveler en grands galops dans la poussière. Grâce au cheval, la Nature m'a toujours été proche, fascinante, et j'ai su, malgré la prévalence de "l'esprit sur la matière" de mon éducation, faire passer mon corps à travers les temps et les efforts, le conserver en bon état, sans en avoir conscience. Mais peu à peu, cela n'a plus suffi. Je pense avec le recul que la découverte de mon corps à l'adolescence (accompagnée d'une énorme difficulté d'acceptation qui m'a paralysée longtemps, d'ailleurs) m'a fait prendre conscience de cette partie charnelle, matérielle de moi-même, que je ne regardais pas, ou seulement d'un oeil distrait. Mon oncle, ami ours bienveillant, me fascinait en décrivant sa passion à lui, le corps, son mouvement, son travail, sa force, ses faiblesses. J'étais fascinée, sans comprendre. Je rêvais de danser. Je rêvais d'acrobaties légères dans l'herbe, dans les branches. Je courais la Forêt et faisais un peu de cirque (jonglage principalement), mais je sentais qu'il manquait une conscience de tout cela. Pas juste utiliser son corps, mais le comprendre, le maîtriser, pour l'utiliser en pleine possession de lui. J'ai commencé à danser. Et le début fut catastrophique. J'ai commencé l'escrime ancienne. Et ce le fut tout autant. J'ai serré les dents et persévéré. Aujourd'hui je me remémore mes premiers mois d'escrime, si frustrée de ne pas pouvoir soulever ma lame pour me battre avec que je m'astreignais à des entraînements quotidiens intensifs. Seule, dents serrées, avec un progrès ridicule chaque jour. Mais je me souviens du sentiment de triomphe absolu quand, après presque un an, j'ai osé retoucher mon épée et qu'elle m'a paru fétu de paille. Je m'en souviens et je savoure ces moments si durs et si heureux. Prendre conscience de son corps est ardu, complexe, difficile quand on est naturellement faible. Mais c'est aussi profond et merveilleux. C'est découvrir une partie de soi... comme une nouvelle main que l'on n'aurait jamais remarquée et qui s'avère un peu difficile à contrôler, mais ouvre tant d'horizons ! J'ai continué à danser, j'ai continué l'escrime. J'ai rencontré des danseur-ses, des personnes complètement passionnées par l'équilibre du corps et son mouvement. J'ai vécu avec ces gens qui parlaient de direction, de geste, d'énergie, à longueur de journée. J'ai dansé avec ces ami-es, recevant régulièrement la grâce de comprendre une miette de plus de mon corps et de la danse. Et sans que je n'aie vraiment compris comment, j'étais devenue une bonne danseuse (du moins c'est ce qu'on me dit). D'ailleurs aujourd'hui j'enseigne la danse. Il y a 5 ans, je ne l'aurais jamais cru possible. Je me suis bagarrée avec plein de gens, pour rire, j'ai testé ma force et j'ai mordu la poussière des tonnes de fois. J'ai pris la grande claque d'humilité qu'apportent les arts martiaux, celle qui te brise l'orgueil pour te permettre d'enfin apprendre. J'ai sué et pesté et maudit mille fois l'idée de m'être levée de ma chaise. Et je ne l'ai jamais regrettée. J'ai commencé à faire glisser mon corps sur l'arrondi de l'équilibre, j'ai roulé sur un sol dur avec un partenaire sans me faire mal, j'ai laissé ma nuque tenir mon corps à l'envers, j'ai porté et me suis envolée. Mon oeil s'est aiguisé, voit les équilibres et les trébuchements les plus légers, perçoit l'humeur dans le geste, le tempo juste dans la danse, la douceur dans le combat. Parfois je regarde et je pleure, parce que les gestes me touchent tellement. L'esprit est un fantôme sans le corps. A travers mon propre Chemin, j'ai compris que la spiritualité fait fausse route si elle est censée se suffire à elle-même. La cohérence implique l'équilibre de tous les aspects de la Vie. Tout comme un ruban de plastique brise la globalité d'une cérémonie forestière, le corps malmené, mal compris, négligé, ne peut s'accorder à l'esprit libre qui bondit sur les pierres. Bien sûr, nous ne sommes pas tous égaux quant au corps. Je suis moi-même favorisée sur certains aspects et pars extrêmement perdante sur d'autres. Mais quand mon esprit veut bondir sur les pierres, mon corps l'y amène pour de vrai. A chaque personne de travailler, à sa mesure, pour aller aussi loin que possible sur la connaissance de son corps... Et le Chemin, comme tant d'autres, est infini. Nous ne sommes pas, en fait, une dualité corps/esprit. Nous sommes un tout, extrêmement complexe - et intéressant. L'équilibre et l'harmonie découlent d'une conscience et d'une bienveillance pour chacune des parties qui nous composent : notre système digestif, nos rêves, notre peau, nos espoirs, nos croyances, notre nom, nos os, notre capacité respiratoire, nos peurs, notre sang, nos souvenirs, nos sentiments, nos muscles, nos émotions... C'est un travail énorme, le travail d'une Vie, tout simplement. "Il ne sert à rien de s'y engager si l'on n'est pas décidé à y progresser" (Bottero) (dont je vous recommande, au passage, le cycle des Marchombres, mine d'or de sagesse et d'inspiration quant à l'harmonie). Je connais bien la difficulté de ce travail, je suis moi-même en plein dedans, tout le temps, et c'est dur, c'est complexe, je me perds et me décourage. Mais les émotions des corps qui se balancent dans le Vent, qui jouent avec les arbres, qui font pulser le sang dans leurs veines... tout cela me porte. Comment trouver cette compréhension, cette harmonie du corps ? Il y a beaucoup d'aspects et tous sont fascinants. Mes Chemins à moi ont été, comme raconté plus haut, la danse (folk) et les arts martiaux (escrime ancienne et capoeira). Un peu d'escalade aussi, que je rêve de pratiquer plus régulièrement. Je sais que le yoga, le TaiChi, d'autres sports (à condition qu'ils ne soient pas destructifs, visant la performance au détriment de la santé), sont aussi des chemins. Un autre, que j'utilise aussi beaucoup, est celui de la dureté des éléments naturels, notamment climatiques. L'hiver et le froid m'ont énormément endurcie, et malgré la douleur parfois intense qu'ils apportent, je les accueille toujours avec plaisir. La chaleur, sûrement aussi (mais j'ai de la peine avec elle, elle m'abrutit, je suis une fille du Nord !). Le Vent, bien sûr, si présent dans ma région d'origine, mon compagnon hurlant. Marcher dans la neige, randonner sous le Vent, nager entre les vagues, grimper les falaises de pierre... Aussi allumer un feu de camp, dormir sous les étoiles, travailler dehors quand il gèle, et bien sûr l'immanquable : cultiver son jardin. J'ai l'impression que ma pratique païenne et sorcière, si elle existe absolument toujours, n'a plus rien à voir avec ce qu'elle est pour la majorité des gens. Je l'ai ôtée des cercles, des bougies, des rituels, des outils biscornus, des grimoires, des divinités même, pour l'offrir aux éléments, aux rocs, à la pluie, à la sueur, à la poursuite des traditions des campagnes, à un quotidien plus simple, plus ancien, plus rude, plus naturel.
Je ne dis pas que c'est ce qu'il faut faire, que c'est "la" seule pratique valable. Mais c'est la mienne, et elle me convient infiniment mieux que ce qu'on trouve dans les bouquins. Mon paganisme à moi, c'est d'ôter les échardes de mes doigts à la lueur de mon feu dont les bûches ont fait travailler ma scie et mes épaules toute la soirée. Ma sorcellerie à moi, c'est de faire un voeu au pied d'une falaise et de le chanter dans le Vent une fois arrivée au sommet. C'est moins folklo que les ronds de cierges, les tirages de tarot, les statuettes de divinités et les rubans colorés, mais ça a aussi sacrément la classe. Et ça fait vibrer jusqu'aux os, les miens et ceux de la Terre. Quand j'avais environ 13 ans, je suis tombée dans le chaudron, comme on dit dans le milieu. Me suis passionnée pour les traditions anciennes, les rites presque oubliés, les symboles mystérieux et les ronds de bougies.
Quand j'ai trouvé, quelques années plus tard, Internet et les multitudes de gens intéressés par les vieilles traditions, le paganisme, la magie, le chamanisme, la sorcellerie et l'ésotérisme, j'ai vibré. Enfin j'avais des gens avec qui discuter de tout cela, et j'apprenais des tonnes de choses, des tas de correspondances, des mots, des concepts, des idées, des associations entre ci et ça et j'en oublie. Et puis sans que je ne m'en rende compte, je me suis fait bouffer. J'étais venue à ce que je vais appeler l'Occulte, pour simplifier, d'une manière très simple et instinctive, je faisais ma tambouille et, au final, peu importe si "ça marchait" ou non. J'étais heureuse, même si infiniment brouillonne. Mais les théories, les idées, c'est passionnant, on s'y plonge, on débat, on réfléchit, on change ses concepts, on déplace ses éléments sur son autel, puis on apprend un nouveau moyen de faire, on compare... ... et au bout du compte, on ne sait plus ce qu'on fait. J'avais tellement de choses dans la tête, j'avais engrangé tellement de savoir de tous les côtés que je ne savais plus RESSENTIR. Je n'en étais capable que quand je sortais de ce monde-là, quand j'allais juste me perdre en Forêt pour trois heures à causer avec les racines et respirer les feuilles mortes. Mon groupe païen, Genava, qui a été une immense source de joie, m'a aussi paralysée. Je sentais qu'on voulait que j'explique, que j'enseigne. Mais j'avais à la fois l'impression de savoir trop pour pouvoir l'expliquer, et rien du tout car je n'étais pas à la place des autres, et les chemins occultes sont personnels. Finalement, c'est au sujet de ces personnes, les autres passionnés d'Occulte, que m'est venu le plus grand ras-le-bol. Je ne dis pas qu'il n'y a pas des gens biens et sincères dans le tas. Bien sûr qu'il y en a. Toujours. Mais de ce que j'ai croisé, la grande majorité passent leur temps à se critiquer les uns les autres, ou alors à se féliciter et se baver dessus, mettre en scène leurs autels pour faire envie, aujourd'hui avec Instagram c'est la foire à qui fera la plus belle photo de son tarot ou de ses nonoss, il y a des groupes, des clans, tout le monde critique les Wiccans tout en ayant passé par là comme les autres, chacun se cherche une spécialité, quelque chose de particulier qui le fera sortir du lot, et ça y va à grands renforts de conseils qu'on n'a pas demandés, ça sait mieux que les autres, ça se moque de tout, tout le temps et pourtant c'est tout autant accroché à ses babioles que cet autre qu'on critique. Au final, il n'y a plus rien de vrai dans le tas. On sait plus qui fait quoi, les sources des infos sont complètement perdues (et quand on les remonte, on arrive presque toujours à Cunnigham ou, si on est chanceuse, à Gardner et sa clique, même chez les Asatruar ou Slavisants ou Stregheria). Quelqu'un qui a lu trois lignes sur un vague site web à propos des légendes sibériennes se dit passionné par le chamanisme Evenk et donne son avis dès qu'on dit le mot tambour. Je ne suis clairement pas pour les spiritualités organisées, je n'aime pas ça et j'apprécie justement que l'Occulte et les vieilles traditions soient si libres, qu'on puisse faire ce qu'on veut avec. Mais sans structure, ben c'est le bordel. Très peu gardent la tête claire et marchent droit. Je suis partie parce que j'en avais marre de tout ça. J'en avais marre de l'émulation bloguesque, marre des photos d'ustensiles, marre des pompages d'un site ou forum à l'autre. Et puis je ne savais plus du tout où j'en étais, entre mon urticaire à propos des théories toutes faites (quelles qu'elles soient, oui, même les 4 éléments), mon ras-le-bol des étalages de matériel et de décorations, mes questionnements sur "mais d'où ça vient que telle pierre fait tel truc et telle plante veut dire telle chose" et mes propres ressentis de base... Ces derniers étaient complètement noyés, les pauvres. Trop d'information tue l'information. J'ai tout jeté, enfermé les outils dans la malle, brûlé plein de trucs, refusé de dire un nom de divinité ou presque, arrêté de célébrer avec des noms et des dates fixes la grande roue des saisons, cessé même d'oser penser à faire un sort, parce que j'avais rencontré tellement de gens qui s'auto-convainquent de leurs merveilleux pouvoirs alors qu'ils ne font juste rien que je ne voulais plus faire pareil et me mentir. Je voulais les racines, la source et la vérité. Même dure. J'ai refusé d'utiliser toutes ces connaissances que j'avais amassées pendant des années. Je n'ai fait qu'écouter, m'ouvrir, ressentir. Marre d'imposer des schémas humains sur une Nature tellement complexe. Rien ne lui va, aucun cadre ne peut la contenir, faut arrêter avec ces bêtises. Moi, en tout cas, ça ne me convient pas. J'ai laissé filer le temps, je me suis occupée à autre chose et j'ai vécu d'autres terres, d'autres saisons, d'autres cultures. J'ai refusé catégoriquement ne serait-ce que de parler de concepts ésotériques ou de traditions anciennes avec qui que ce soit. J'ai été une interlocutrice païenne absolument déplorable ^^ Et volontairement. Moi, qui avais tant cherché des "copaïens", je les ai fuis avec application. Je vais mieux. Le Sacré me tire toujours par la manche, ça n'a jamais arrêté. Je ne fais pas grand'chose de concret mais je regarde et admire beaucoup. J'ai découvert que c'est en-dehors des cercles ésotériques qu'on apprend le plus de vraies choses sur la Nature et ses mystères... Les costumes de pirates du Valborg (1er mai suédois) à Sundsvall m'ont appris ce qu'est une vraie fête du printemps. Je ne peux d'ailleurs plus concevoir une fête de printemps sans Sima, cette boisson fermentée finnoise avec les raisins qui flottent. Une amie chrétienne luthérienne très fervente, qui va à la messe tous les dimanches, m'a offert mes meilleurs moments de partage faunesque, à cuisiner de la compote de pommes du jardin pour quinze personnes pendant tout un hiver et à cueillir les tratt kantareller dans les sous-bois moussus en s'appelant au kulning comme les vachères d'autrefois appelaient leurs bêtes. Un-e ami-e queer résolument citadin-e et moderne a partagé avec moi les plus belles baignades mystiques que j'aurais jamais imaginées, dans un lac couvert de brume dont on revenait à moitié nus et trempées au petit-déjeuner de notre internat, hilares et complices. J'ai vu la trollkors suspendue à la fenêtre d'un ami qui savait à peine qu'Odhin est le nom d'un ancien dieu de chez lui et s'en fichait éperdument. J'ai causé symbolique des broderies de bunad (costume folklorique norvégien) avec une mère de famille athée convaincue au pied d'une église en bois debout. J'ai appris plein de morceaux magnifiques des mains d'un forgeron violoniste de génie qui vit au fond de la forêt et qui, malgré son âge certain, possède une séduction qui ferait presque ombrage au Sauvage. J'ai appris à me méfier de tout ce qui concerne les anciennes traditions, le surnaturel et le paganisme et qui s'en réclame. J'évite ces choses-là comme la peste. Elles ne m'apportent que de nouveaux concepts qui n'ont rien à voir avec le ressenti de la Nature et du Sacré comme je les conçois. J'ai jeté les 4 éléments, j'ai écarté les Cercles, j'ai jeté tous les symbolismes des pierres, arbres, plantes et animaux, j'ai banni les théories sur les couleurs que je n'avais de toute façon jamais appréciées, j'ai effacé les noms des divinités et des célébrations, à part quelques-unes, qui font partie de mon gros fourre-tout de panthéon personnel où même moi je ne me retrouve pas et ça va très bien, merci. Je ne sais plus ce que je suis, ni ce que je sais, à part pas grand'chose. Et ça n'a aucune importance, car depuis que j'ai cessé de coller des concepts, des noms et des théories à tout, j'ai enfin retrouvé le ressenti et l'instinct. Et le plaisir du moment présent. Et c'est cela qui est sacré. Si j'écris ici (et j'ai très longuement hésité à ouvrir un nouvel espace virtuel dédié à ma spiritualité), ce n'est pas pour être lue. D'ailleurs je me demande si quelqu'un d'autre que moi lira cette ligne un jour. J'écris pour moi, pour avoir un cloud de mes poèmes, déjà (j'ai perdu tous mes fichiers informatiques en janvier, depuis je suis prudente), et puis parce que le fait d'être potentiellement lue me clarifie la tête et les mots. Je n'ai rien à apprendre aux autres si ce n'est à n'écouter personne sauf leur propre ressenti. Ou à engranger beaucoup et tout oublier ensuite, mais ça prend plus de temps et ça laisse des séquelles. Je ne suis sûrement pas meilleure que les gens que je critique moi aussi (mais je ne poste pas des photos de Mortimer mon crâne d'élan sur Instagram pour montrer que j'ai la classe rebelle). Mais j'ai au moins l'impression de ne plus faire partie du troupeau, vu que je suis seule. Et pourtant, je n'ai jamais autant partagé de moments sacrés avec des gens. Juste que ces gens ne s'identifient pas comme païens / sorcières et compagnie. Ce sont juste des gens sensibles à la Nature et qui ont été assez malins pour ne pas aller chercher de concepts à coller dessus. Ne pas faire, ne pas définir, et être bien comme ça, parfois, c'est mieux que de se prendre le chou. Dixit l'une des personnes qui se prend le plus le chou que je connaisse, c'est-à-dire moi-même. Je suis sortie faire un tour aujourd'hui. Ca faisait environ deux semaines que je traînais plutôt à l'intérieur ou que je vadrouillais mais de ville en ville. Pas de moment à moi, dehors, près des arbres et des Vents.
Et je sais pourquoi je suis sortie aujourd'hui. Parce que le temps est pourri depuis deux jours. Hier il roillait trop pour que je ne mette le nez dehors, pis j'avais à faire, mais aujourd'hui ça menaçait sans pour autant tomber vraiment, le ciel était torturé comme un poème de Baudelaire et l'obscurité se faisait sentir même à midi. Ce sont la chaleur et le soleil qui pendant plusieurs mois m'ont chassée des forêts, des chemins. La chaleur, ça m'étouffe, ça me pèse sur le crâne, le soleil me grille, m'agresse. Je n'aime pas quand il fait trop chaud pour porter des manches longues, je n'aime pas vivre avec peu de tissu sur moi, je n'aime pas transpirer sous mes cheveux, je n'aime pas quand même mes baskets légères sont trop chaudes quand je vais marcher. Je ne suis pas une enfant du chaud, je ne l'ai jamais été. Je n'aime pas la "belle saison", enfin, quand elle est trop chaude. La seule chose que j'apprécie dans ces grandes tiaffes, ce sont les orages, énormes, vengeurs. Mais le ciel bleu me fatigue. Je me souviens, déjà toute gosse, je disais que j'avais peur du grand lac, peur d'aller dedans me baigner... Je ne l'aimais qu'en hiver, quand les vagues le rendaient fou, quand les drisses claquaient contre les mâts, quand des milliers d'oiseaux du Nord venaient profiter de ses eaux riches qui ne gèlent jamais. Je mangeais des faines sur les rochers et ramenais dans mes poches assez de cailloux pour recouvrir la maison entière de mosaïques. Depuis que j'ai vécu en Suède, c'est encore plus marqué. Je repense à l'Hiver là-haut, si terriblement sombre, si dur, avec les poils du nez qui gèlent, la Grande Nuit qui règne, les joues qui tirent dès qu'on reste plus de 5 minutes dehors, parfois même l'air qui fait mal à inspirer. Ces ciels si incroyablement clairs quand la neige est tombée. Et cette neige !! Si fine, si sèche ! On nageait dedans sans trouver le sol et on s'en relevait sans une miette sur les manteaux de laine. Le duvet de ma lèvre supérieure et de mes joues gelait lors des longues marches dans le noir et l'amant rieur ne pouvait plus parler du tout, prisonnier de la gangue de glace tissée par les esprits facétieux sur sa moustache et sa barbe. Je repense à l'automne scandinave, si brusque et court, tout jaune, plein de champignons et de baies innombrables qu'on va cueillir en se huant comme des bergères des temps anciens, et puis soudain tout tombe, les lichens vivent brièvement, rendant les forêts gris-vert et odorantes. Et les chevreuils commencent à venir sous les fenêtres manger les pommes qu'on a laissées. Je repense aussi au long printemps gris, si timide, si hésitant que l'on peut à peine compter une nouvelle feuille par jour, alors que le printemps continental explose, lui, en à peine quelques semaines. Je suis une enfant de l'Hiver. Je connais bien le Sauvage hivernal, son aura si sombre, son rire fou tandis qu'il chevauche les branches noueuses des pommiers nus dans le grand Vent froid. J'ai en revanche du mal à voir son visage vert, celui qui est couvert de feuilles, son regard séducteur, sa peau chaude. Il m'est insaisissable. J'en perçois le principe mais ne l'ai jamais rencontré. Peut-être un jour ? Je l'aimerais. Cela me réconcilierait peut-être avec cette saison dans laquelle je ne me sens pas à ma place. Ce n'est pas un hasard si ma plume est sombre, automnale, rude. J'écris aussi pour la verdeur, la verdure, mais c'est infime comparé aux torrents créateurs qui s'échappent de mes doigts quand j'invoque mentalement les baies flétries pendant des branches nues... Depuis que j'ai terminé mes études, ou du moins que je suis des cursus qui me laissent du temps à ma saison des merveilles, je peux enfin vivre le mois de septembre et son magnifique basculement. Je peux le vivre pleinement, prendre le temps d'aller grappiller les cynorrhodons, ramasser les feuilles dans leurs plus belles parures et faire des tumulus de noix. Et je ne m'en prive pas ! Texte originalement posté le 21 juin 2015 sur le site de Genava. Bonjour sans fin de Norvège ! Depuis que j'ai posé mes pénates en Scandinavie, certaines pensées grandissent en moi et je vais tenter de les exprimer dans cet article. Je ne vais pas être gentille (mais pas méchante non plus), je vais juste dire ce que je sens qui a besoin d'être dit. Et écouté, si possible, mais enfin, ça on verra bien ;) Toutes les photos illustrant cet article sont de Brenda Runahild Dahl. Merci, amie, pour nos discussions, pour notre entente profonde sur tous ces sujets si importants dont celui que j'aborde ici, merci d'avoir été peut-être le dernier élément dont j'avais besoin pour comprendre vraiment la force de la volonté, du rêve, des choix, et pour me soutenir sur un chemin de simplicité, de force et de cohérence que tu suis également. J'ai pris le chemin de la Scandinavie, donc, pas en vacancière, mais pour y vivre, en tout cas un bon bout de temps. Je connaissais l'été, les marais, les moustiques, les rennes de Laponie, le droséra en fleurs, les grues qui s'associent au soleil insomniaque pour vous empêcher de dormir, et les épilobes qui rendent la Finlande toute rose. J'ai découvert la sécheresse suédoise, les bouleaux qui tournent au jaune vif indécent, les lichens qui d'un coup explosent de vie quand les feuilles tombent, et puis la Nuit qui arrive de plus en plus tôt, jusqu'à manger la lumière, ne laissant cette dernière qu'éclairer les branches des pins à l'horizontale pendant à peine trois heures de temps. Cette Nuit qui permet de voir danser les âmes du ciel. J'ai entendu la neige couler du toit et s'écraser en plaques de plusieurs mètres de haut, le silence de la forêt sans oiseaux ou presque, et les différentes branches de la langue scandinave quasi-commune avec chacune son accent et sa façon de dire le G, le R et le SK (et les sourires à la fois amusés et complices que ça provoque chez les locuteurs des autres branches). J'ai marché sur la glace, j'ai avalé l'air terriblement froid en admirant la lumière si particulière du jour d'hiver nordique, si court et si doré. Et puis j'ai entendu le pleur du pic noir, les cliquetis de machine à écrire des grives litornes, le froufrou discret d'un élan qui essaie de se cacher derrière les saules encore gris, j'ai vu les blåsippor si bleues. Et petit à petit, si lentement, j'ai eu droit à tout le déballage indécent du printemps, les fleurs une à unes, puis les oiseaux, puis les broussailles, et enfin les "oreilles de souris" et les autres feuilles. L'explosion de vert. Et puis j'ai bougé, j'ai quitté le sec pour le très mouillé, je me suis pris sur le nez toutes les pluies de la côte Ouest, je me suis retenue de hurler devant les glaciers de juin qui surplombent les vignes au pied desquelles on voit les têtes rondes des phoques. J'ai appris à assembler les contraires, les contrastes intenses norvégiens. J'ai chanté pour les moutons sous une pluie qui a duré des mois, perdu les montagnes si hautes dans un brouillard effaçant le monde à trois mètres des fenêtres, j'ai pagayé entre les pins sur le lac qui ressemble à un fjord, j'ai enfoui ma tête dans la sphaigne au cri des corbeaux et j'ai encore une fois appris à aller me coucher même quand le soleil, lui, s'y refuse absolument. Je pense à toutes les personnes qui habitent sur le continent (ou ailleurs, plus loin) et qui se réclament des traditions nordiques. Et j'ai un peu du mal. On ne peut pas parler de Sol et Nott quand on n'a pas vécu entièrement le cycle solaire si particulier du Nord, sa beauté et sa dureté. On ne peut pas chanter les runes quand on n'a pas entendu et soi-même tenté pendant des heures de prononcer le A si rond, le Y si difficile et le SK-SKJ-SJ qui varie d'une région à l'autre mais qui reste toujours tellement ardu. On ne peut pas comprendre la mer, la pluie, la montagne, la glace scandinaves quand on ne les a pas prises sur le visage, la rétine, senti leur force qui fait frémir. On ne peut pas apprécier pleinement les kenningar des sagas et de la mythologie sans les lire ou les entendre dans une langue qui les fait rouler, sauter, chanter sur sa grammaire simple et son vocabulaire si poétique. On ne peut pas comprendre l'idée du landvaett quand on n'a pas vu les coupures si nettes dans la végétation, le sol, l'humidité et la température qui arrivent d'un mètre à l'autre quand on marche en montagne. On ne peut pas saisir le symbole de l'arbre des mondes quand on n'a pas mesuré l'immensité des forêts qui sont la véritable âme de la péninsule nordique (et de la Finlande). Je ne dis pas qu'on ne peut pas être sincère ! J'ai aimé les traditions, spiritualités et histoires nordiques bien avant de poser les pieds ici, je les ai aimées avec conviction, sincérité, et j'étais véritablement persuadée de les comprendre. Je les ai honorées ainsi et elles l'ont sans doute pris avec amitié et indulgence. Mais je les voyais, les honorais, avec mes yeux de continentale, avec des concepts celtiques, méridionaux, latins en trame de fond. J'ai toujours ma trame de fond ! Mais mon regard, mes oreilles, ma peau, mon sang commencent à comprendre. On peut aimer, respecter, honorer... mais on ne peut pas comprendre profondément si l'on n'a pas vécu, vu, entendu, senti, pris dans la figure ce qui fait l'essence de ces régions. Si la personne qui honore les divinités nordiques sur le continent dans son petit coin ne fait de mal à personne, j'ai beaucoup de mal dès que ladite personne commence à s'afficher. Quand, sans comprendre, sans réellement savoir, on commence à vouloir expliquer aux autres. Quand on balance des concepts, des mots (souvent incroyablement pompeux), des idées, sans savoir de quoi l'on parle. Quand on étale un savoir livresque qui ne vaut pas un sou par rapport à l'expérience aux yeux de gens naïfs qui vont prendre ce qu'on dit comme source solide, et le suivre, déformant sans le savoir ce qu'ils aimeraient honorer. Ca donne Marie des Bois (que j'ai relue récemment, voilà pourquoi j'en parle) qui raconte le lierre poussant sur les grands arbres des forêts du Nord de la Norvège (il y a du lierre au Danemark, sur les îles de la Baltique, Öland et Gotland, sur la côte Ouest norvégienne et un chouia au sud de la Suède... mais c'est tout ! bien avant Vänern il disparaît, le climat étant trop rude pour lui) (quant aux forêts, il s'agit dès Tromsø environ de pins et de bouleaux qui mesurent rarement plus de 4 mètres, et qui vont en diminuant plus l'on monte vers le Nord), ou comment les gens campent au bord des lacs de Hälsingland ou Jämtland sans tente en plein été (sans finir exsangues ?? je veux bien leur astuce contre les moustiques, mouches mordeuses, tiques et compagnie). Ca donne les prononciations terribles qu'on peut trouver partout des noms des endroits, des divinités, des runes, avec des R fantaisistes, des A ouverts, les accents au début des mots (et pas le moindre second accent, pourtant absolument typique de toutes les langues scandinaves), les Y en I, le lac (sjön) qui devient le beau (skön) (et je ne parle même pas du LL islandais, qui nécessite trois bonnes semaines d'entraînement... je pinaille ? si on veut faire quelque chose, autant le faire correctement, sinon... ben on le fait mal, tout simplement) (oui, c'est difficile, je sais, j'ai passé des mois à avoir l'air bête en marchant en forêt à m'entraîner à prononcer tous ces sons inédits). Ou si l'on pousse plus loin dans l'absurde, ça donne la série Vikings, qui met Kattegat dans un fjord (faut qu'ils m'expliquent où ils ont trouvé des montagnes au Danemark) (quel fou rire), Uppsala au milieu des montagnes (j'y ai vécu, je peux vous assurer qu'à part la petite montée de 4 minutes sur la petite crête, ou 1mn30 sur les monts sacrés, c'est littéralement plat à des centaines de kilomètres à la ronde), les deux étant reliés à pied en mars par les personnages (moi aussi j'aimerais bien savoir couvrir autant de kilomètres à pied si rapidement, sans neige et sans souffrir du froid, et marcher sur l'eau) (d'autant plus qu'à l'époque, l'Est de la Suède était recouvert d'eau, la mer étant plus haute qu'aujourd'hui, et Uppsala un chapelet d'îles dans les marais). Ces gens-là n'ont jamais mis les pieds dans les endroits dont ils parlent ! Ca vous paraît facile de critiquer la série ? Pourtant, elle est bel et bien la vision de base de l'histoire et de la mythologie scandinaves pour tout un tas de gens (païen-nes y compris). Et si l'on prononce n'importe comment une langue, on peut arriver à dire bien autre chose que ce que l'on souhaitait (ce n'est peut-être pas grave dans la majorité des cas, mais ça ne veut plus rien dire, et pour le sérieux quand on rencontre un-e locuteur scandinave ben c'est raté) (si on ne sait pas ou n'arrive pas à prononcer ceci ou cela, alors parlons les langues que l'on connaît ! dire "la rune de la parole" littéralement plutôt que "nous" parce qu'on ne sait pas prononcer Os, ce n'est pas bête, au contraire, c'est intelligent : c'est utiliser ce que l'on connaît plutôt que d'étaler ses faiblesses). Quant à Marie des Bois, pour une personne qui est considérée comme une référence dans le milieu païen francophone, se tromper autant sur la faune et la flore d'une région qu'elle décrit, c'est tout simplement ridicule, et de plus ça induit en erreur tou-tes ses lecteur-ices (je n'ai rien contre elle en particulier, mais pourquoi faut-il qu'elle publie à propos de ce qu'elle ne connaît absolument pas ? elle est sans doute très solide sur les traditions celtiques, notamment du Centre-France... eh bien, qu'elle écrive là-dessus, pas sur le lierre de Laponie). Sortons des traditions scandinaves elles-mêmes pour adapter mes mots à toutes les traditions, si vous voulez bien. Mon intention avec cet article n'est pas particulièrement de vous inviter à voyager (le voyage intensif n'est pas la meilleure des choses pour l'environnement de toute façon)... mais de réfléchir à la cohérence de vos pratiques et vos savoirs. Et notamment, de vous relier avec le sol, ce qu'en latin on nomme le pagus. Pourquoi aller chercher à des milliers de kilomètres quelque chose que l'on ne connaît pas et qui n'a pas de réalité ancrée dans la Nature qui nous entoure, au lieu d'utiliser ce qui se trouve sur place ? Chaque région, chaque pays a ses traditions, son folklore, ses divinités, ses lieux sacrés, tous passionnants (et si par hasard il est impossible d'en trouver des traces, des sources, alors inventez selon votre ressenti... votre ressenti de l'endroit lui-même, pas avec des concepts qui viennent du diable Vauvert). Si, dans un pays comme la Pologne par exemple, à la fois slave, germanique et celte, vous préférez donner à la divinité de l'hiver le nom de Skadhi parce que c'est cette figure-là qui vous parle le plus parmi les différentes divinités de l'hiver du Nord de l'Europe continentale, faites-le. Mais honorer Skadhi par exemple à Marseille, où il ne gèle et neige pratiquement jamais, et où personne n'a jamais fait de ski... c'est absurde. De même pour Njord dans les Alpes (où il n'y a pas de mer), Seth à Dublin (où il n'y a pas de chacals) ou Kerridwen au Canada (où il n'y a pas de sangliers). Sinon on en arrive à l'absurdité, la monstruosité même de l'Amérique, où une divinité du désert moyen-oriental a littéralement assassiné des centaines d'esprits et divinités qui étaient parfaitement adaptés au continent, à la faune et la flore de ces régions (et maintenant on prétend y prier des divinités celtiques ou slaves ? poser en une nouvelle couche d'envahisseurs de ces terres des dieux qui n'ont rien demandé et n'ont rien à voir avec l'environnement de là-bas ? je préfère ne pas y penser, tant tout cela manque absolument de sens et de logique). Et si on est vraiment fasciné-e par des traditions d'un autre pays ? Qu'on n'y connaît peut-être rien mais qu'on voudrait vraiment ? Peut-être que ce qui est sous nos pieds, autour de nous, ne nous convient pas ? Eh bien, vive la cohérence ! Faisons notre sac et allons voir cet ailleurs qui nous attire tant. Pas en touriste, juste deux semaines à courir d'une attraction à l'autre et faire trois belles photos pour faire envie aux personnes restées au pays et se donner des prétentions de connaisseur-euse (il y en a tant, des comme ça). Non, allons-y vraiment, allons y vivre pour au moins un an, et si ça nous plaît, plus longtemps, allons y mettre les mains dans la Terre, vivre dans la campagne, rencontrer les gens du cru, apprendre la langue, la culture, vivre les traditions telles qu'elles sont réellement, allons marcher, camper dans la Nature, vraiment, rencontrer la faune, constater par nous-même quelle est la végétation, l'ambiance, le climat (je dis "nous" parce que c'est ce que j'ai fait, et continue de faire). Les livres, même superbement bien écrits, ne disent pas cela. Fermons-les et allons nous frotter à ce qui nous fascine, pour de vrai ! Et si l'on ne "tient" pas le climat, la mentalité, la différence de langue... eh bien c'est que l'on était fasciné-e par un mirage, que l'idée qu'on avait de l'endroit était fausse, ou simplement trop idéaliste. Ce n'est pas grave ! Au moins on aura vu, vécu, essayé, et on saura. On pourrait me dire que ce n'est pas toujours possible, qu'on ne peut pas forcément aller là où on voudrait. Hormis l'âge (beaucoup trop élevé, et encore, ou trop jeune pour être indépendant-e) et les rares difficultés légales (c'est la Corée du Nord qui vous fascine ? pas de bol), c'est toujours possible. Oui, même sans argent (j'en suis une preuve bien claire) (vous connaissez le wwoofing ? voilà un moyen de voir la terre et les gens de près sans débourser un rond pour le logement ni la nourriture). Il suffit de le vouloir, et de faire les choix qui permettent de poursuivre son rêve. Si on ne les fait pas, c'est que l'appel n'est pas si fort que ça, qu'on est retenu-e par autre chose qui a plus de valeur à nos yeux. Ce qui veut dire qu'on fait le choix de ne pas y aller. Et c'est tout à fait respectable. Mais c'est un choix ! Ce n'est pas que le chemin était impossible, c'est qu'on a privilégié autre chose. Et ce sont nos choix qui déterminent qui nous sommes.
Je vous laisse là-dessus, c'est le solstice d'été ce soir, après des mois de pluie voilà qu'on a enfin dépassé les 10°C (les abeilles sortent, mais les moustiques et taons aussi), les champs sont presque tous plantés, la pile de bois pour le feu est prête, immense, on va goûter l'hydromel maison, les tambours frétillent d'impatience et la soleil est décidée à ne pas dormir du tout. Bon solstice d'été à tout le monde ! |
Pensées et réactions sur bien des choses liées à la spiritualité. Peut-être beaucoup de critiques. Mais aussi beaucoup d'admiration.
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Décembre 2021
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